ici
ici
le vent est fier
plus fier
que les hommes
qui foulent
l'herbe drue
qui pousse
sur la chaussée
jusque dans les rues
de Toulis
et ils s'aident
de béquilles minées
comme des échassiers
chez eux
les ampoules sont nues
les cartons ne sont pas défaits
ils ne font que passer
sur des béquilles minées
comme des échassiers
au mur
de vieux calendriers
d'un autre siècle
des étais
supportaient
le plancher
ils ne font que passer
sur des béquilles minées
comme des échassiers
ici
le temps est cru
plus cru
que la foule
qui foule
ses idées
aux pieds
ici
l'on vit
avec les morts
du chemin
de Toulis
où l'herbe pousse drue
et ils roulent sur la jante
ils attaquent l'essieu
ils attaquent la rotule
ils ont le pont qui brûle
ils ne font que passer
sur des béquilles minées
comme des échassiers
et les fièvres
les emportent
jusqu'aux lèvres
de la porte
des pleurs
ici
les blés sont bleus
plus bleus
que les âmes
des hommes
d'ici
qui foulent
l'herbe drue
du chemin
de Toulis
ces hommes
qui foulent
leurs idées
aux pieds
ils ne font que passer
sur des béquilles minées
comme des échassiers
et la porte
des pleurs
emporte
leurs fièvres
et leurs peurs
ici
il n'y a
même plus
d'épicier