l’arbre-monde
quand les arbres s'embrasent
quand leurs racines enlacent
la terre noire de leurs aïeux
dans les essarts et les alleux
quand les larmes s'embrassent
quand les armes se lassent
que c'est fini
on dit que c'est la vie
et que c'est fini
le monde est un chêne
mort mais toujours dressé
dont les racines enchaînent
la terre noire au ciel étoilé
torturé et noueux
sec et tortueux
c'est un arbre creux
il lance ses branches nues
vers le ciel et vers les nues
et nous simples corvidés
perchés sur ses branches
aux âmes et aux corps vidés
de toutes traces de magie blanche
ondulant dans le vent
nous croassons notre oraison
quand l'un d'entre nous tombe de sa branche
nous baissons nos becs en silence
et l'on dit
on dit il est mort
et c'est la vie
un tapis de feuilles mortes
de faux billets doux et amers
oh, que le diable les emporte
loin de l'arbre bimillénaire
si le vent porte les oiseaux
vers d'autres horizons
si des nues il tombe encore de l'eau
le sol lui n'est plus fécond
car il mort
et l'on dit c'est fini
ce n'était que la vie