le cercle et la ligne
au salar d'Uyuni
il n'y a plus ni terre ni ciel
il n'y a plus ni jour ni nuit
on marche sur des nuages de sel
rien qu'un grand miroir fêlé
où tout se renverse
comme un temps paralysé
et plus rien ne l'intéresse
c'est une vieille bâtisse
ravagée par les flammes
une photo en négatif
où s'est joué le drame
où les cendres refroidies
te parlent des temps jadis
ni désirs ni envies
ni vertus ni vices
par les vents érodé
et dissous par la pluie
l'horizon s'est dérobé
un long dimanche après-midi
tu es le sel de la mer
tu es l'eau de l'air
un grain de sable dans le désert
ici il n'y a plus rien d'ouvert
quel jour sommes nous déjà ?
est-ce un cercle, est ce une ligne ?
et il marche à petits pas
comme une machine qui tourne à vide
dans ce bâtiment splendide
où ses pas résonnent
il est totalement vide
ici il n'y a plus personne
le chien sur les mollets
et le singe sur le dos
ça retombe comme un soufflet
sur le sinistre buveur d'eau
mais là d'où je t'écris
tout est bien et bon et vide
lumière, silence, oubli
ce
n'était pas une ligne